A bientôt 100 ans, Auxipress fait sa mue vers l’analyse et le conseil médias

A bientôt 100 ans, Auxipress fait sa mue vers l’analyse et le conseil médias

2019 sera une année spéciale pour Auxipress. Cette PME familiale, détenue par l'entrepreneur Joachim von Beust, aura alors 100 ans. Un âge vénérable qui ne l'empêche pas d'évoluer avec son temps.

Auxipress – de son nom original, “Auxiliaire de presse” – est active dans une micro-niche: le monitoring et l’analyse des médias. La société a été créée en 1919 par un banquier afin de recenser les critiques de spectacles et d’expositions. Elle étendit ensuite ses compétences à la politique, puis à l’économie.

Le résumé

Spécialisée dans le monitoring des médias, Auxipress fête ses cent ans en 2019.

Cette activité de “clipping” représente encore 2/3 de son chiffre d’affaires.

Mais la société est en train de faire évoluer son business model vers l’analyse des médias et a développé des outils d’analyse prédictive.

Initialement, son travail était assez basique. Des collaborateurs passaient l’ensemble de la presse au peigne fin à l’affût de la moindre recension du nom de leurs clients ou de leur secteur d’activité. L’article était découpé et envoyé par la poste aux clients. “On livrait des revues de presse au kilo”, plaisante le COO, Thierry Cornez.

Avec l’apparition d’internet, le métier a été bousculé. Un simple moteur de recherche suffisant, Auxipress risquait de disparaître. “Nous avons dû renforcer notre offre, reprend Thierry Cornez; nous livrons par mail, sur une plateforme et une application, un service complet.” Après différents filtres automatisés intervient l’être humain pour analyser le type d’article, son contexte (positif ou non) livrer des statistiques, un résumé, une traduction… Même chose pour les émissions de télévision et de radio.

Ce business du “clipping” pèse encore 2/3 des revenus d’Auxipress et celui de la TV/radio 10%. La distribution est son plus gros client devant l’énergie, les télécoms et le secteur financier. “Cette activité est cependant en décroissance, observe Thierry Cornez, car il y a moins de médias et moins de contenus dans ces médias; en outre, les clients sont de plus en plus sélectifs.”

Virage stratégique

Si Auxipress tire toujours son épingle du jeu, c’est parce que l’entreprise a mis davantage l’accent sur l’analyse, notamment l’analyse contextuelle. Derrière cette évolution, on trouve Grégory Piet, docteur en sciences politiques, qui a rejoint la société il y a trois ans. Celui-ci a identifié 12.000 thématiques, articulées sur cinq niveaux, qui sont suivies au quotidien: “Cela permet de détecter des tendances, d’analyser les prises de parole des parties prenantes et de voir comment les médias participent au débat public, détaille-t-il; nous pouvons donc expliquer à nos clients comment les médias contextualisent les débats et comment ils peuvent influencer eux-mêmes ces débats.” Ces clients, ce sont des entreprises (80%), mais aussi des institutions, des ONG, des groupes de pression, voire des médias eux-mêmes.

L’outil s’apparente à de l’analyse prédictive, selon Grégory Piet: “Cela nous a permis par exemple d’expliquer à nos clients que le changement dans la communication de Volvo annonçait son passage au tout électrique. Nous avons aussi validé l’arrivée d’une marque bien connue dans la vente de panneaux solaires.” La méthode permet aussi d’intervenir en cas de crise environnementale, alimentaire etc. Auxipress a établi un listing d’une quinzaine de crises auxquelles les entreprises sont susceptibles d’être confrontées. “Nous disposons des outils pour les analyser, pour savoir le discours que les médias vont construire et comment le public va réagir.”

Infobésité

Pour Auxipress, cette capacité d’analyse est indispensable dans le contexte médiatique actuel. “Avec le smartphone, tout a changé, on vit dans le règne de l’infobésité, on est informé en permanence, relève Didier Chevalier, responsable de l’innovation. Les réseaux sociaux propagent les fake news et la réputation des marques peut s’écrouler très rapidement, c’est à nous de les détecter et de les identifier.” Les réseaux sociaux font tout naturellement partie du périmètre d’analyse d’Auxipress, “mais l’influence des médias traditionnels sur les réseaux reste énorme, note Grégory Piet: 70% des débats y sont alimentés par les médias classiques.” Pour mieux les appréhender, Auxipress a noué des partenariats avec des start-ups comme Piximate (analyse d’images) ou SoPrism (analyse du comportement sur Facebook). Ce virage stratégique semble payant. Auxipress, qui emploie une soixantaine de collaborateurs, a réalisé en 2017 un chiffre d’affaires proche des 8 millions d’euros, dont plus de 15% dans l’analyse. Au sein de cette dernière activité, l’analyse contextuelle verra même son chiffre doubler en 2018.

Interview de l’Echo

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