L’esport est-il un sport, et peut-il être considéré comme tel ?
La question est régulièrement mise sur la table, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les avis divergent ! Pourtant, au-delà de ce débat, les deux disciplines ont beaucoup à apprendre l’une de l’autre.
Leurs apports respectifs
Le sport peut apporter un degré supérieur de professionnalisation à l’esport. Tant en termes d’infrastructure, que d’entrainement, de suivi nutritionnel ou de préparation mentale, le sport a énormément à apporter à une discipline qui est encore jeune et donc en pleine construction. L’implémentation de processus visant la facilitation de la prise de décision, ou encore de processus propres au sport sont autant d’éléments dont l’esport aurait tout intérêt à s’inspirer, comme le souligne Guillaume Chevalier, un connaisseur et passionné. Il ajoute qu’à l’opposé, ce que cette nouvelle forme de divertissement peut apporter au sport, c’est tout l’aspect digital, l’utilisation de nouveaux acteurs du web comme les influenceurs par exemple, ainsi que le storytelling.
Mais quoi qu’il en soit, les deux disciplines sont indéniablement liées. De plus en plus, on retrouve l’esport dans des structures sportives traditionnelles. De nouvelles compétitions s’organisent sur base des compétitions sportives existantes. On voit désormais apparaître des compétitions telles que la Proximus eSports League, qui est l’équivalent esport de la Jupiler Pro League de football en Belgique. On voit aussi la FIFA eWorld cup au niveau international, la NBA 2K League en basketball ou encore la F1 Esports Series. Ces nouvelles compétitions offrent des opportunités pour les marques souhaitant investir dans l’esport, tout en restant dans un contexte plus familier et donc plus sécurisant pour elles.
Esport, future discipline olympique ?
Mais comment parler du lien entre le sport et l’esport, sans mentionner les Jeux Olympiques. La question de l’intégration de la discipline aux Jeux Olympiques se pose depuis quelques années. Le Comité International Olympique (CIO) s’est penché sur la question en décembre 2018, et si la réponse est négative pour le moment, la porte n’est pas tout à fait fermée pour le futur. Citant notamment une incompatibilité entre certains sports électroniques et les valeurs olympiques, le CIO a déclaré que toute discussion visant à intégrer l’esport au programme olympique était pour le moment prématurée. Cependant, s’il y a motif d’espoir, c’est parce que l’esport deviendra une discipline à part entière des Jeux d’Asie du Sud-Est en 2019, qui sont notamment supervisés par le CIO. De là à voir ces Jeux comme un test en vue de l’intégration future de la discipline au programme olympique ? La marche est peut-être encore un peu trop haute, mais il y a tout de même motif à spéculer…
Le débat intéresse, et il divise également. Cependant, pour certains il n’a tout simplement pas lieu d’être. Le fait que les jeux soient détenus par des éditeurs plutôt que par des fédérations comme dans le sport traditionnel est un problème majeur dans l’intégration de l’esport aux JO selon Philippe Rodier, ex-joueur et ancien coach de l’équipe Vitality. Son avis rejoint celui de Guillaume Chevalier, qui s’appuie sur le fait qu’un éditeur a pour objectif de commercialiser son jeu, et que cela pourrait rapidement poser des conflits d’intérêt. En choisissant un jeu en particulier comme discipline olympique, le CIO avantagerait très clairement un éditeur, avec les répercussions commerciales que l’on peut imaginer. Finalement, nombreux sont ceux qui s’accordent à dire que l’esport n’a pas besoin des JO pour se développer, et vice-versa.
Que l’on soit plutôt pour la considération comme un sport ou non, ou pour l’intégration aux Jeux Olympiques ou non, le débat continue d’alimenter vivement les discussions entre initiés ou passionnés. En tant qu’observateur externe, on ne peut qu’observer tout le panel des possibilités qu’offre cette jeune discipline en plein essor médiatique, et s’en émerveiller.
