Auxipress se définit comme une entreprise axée sur la "media intelligence".
Sa mission : la défense d’une marque et de sa position dans les médias auprès de leur public. Pour ce faire, la société start-up fait également de la médiamétrie et s’intéresse donc aux thématiques traitées à travers la presse, tous canaux confondus. Et à propos de l’information économique, de plus en plus prisée par les médias mainstream, Gregory Piet et Didier Chevalier ont une vision assez claire: l’éco, ça plait, mais encore faut-il la traiter correctement…
Chez Auxipress, on surveille absolument tout ce qui se dit des marques et des organisations clientes ainsi que des personnes liées à l’entreprise mais également les parties prenantes, comme les partenaires mais aussi les concurrents.
L’entreprise est ancrée au sein du monde de la presse dans sa globalité (web, audiovisuel). Pour cela, les managers usent de techniques de calcul élaborées, permettant de fournir des indicateurs de visibilité à la pointe, mais aussi de faire ce qu’on appelle de la médiametrie.
Didier Chevalier est Chief Strategy & Innovation. Grégory Piet est Chief Data Officer. En langage clair et courant, ces deux hommes analysent, scrutent et décortiquent la sphère médiatique dans l’intérêt des marques pour lesquelles ils travaillent. Ce qui nécessite un monitoring médiatique permanent, fondé sur des méthodes de calcul mises en place par l’équipe elle-même. Que révèle la médiamétrie réalisée par cette entreprise? Qui occupe le terrain médiatique et qui en est absent ? Entretien.
La médiametrie permet de mesurer ce qui se passe dans la bulle médiatique. Constatez-vous des tendances différentes entre le nord et le sud du pays?
Gregory Piet : Chaque ligne éditoriale est différente, c’est visible au-delà de la frontière linguistique. Mais il est vrai qu’entre les francophones et les néerlandophones, il existe des techniques d’approche différentes avec des enjeux différents, propres aux “communautés” respectives. Par exemple, nos analyses démontrent que les aspects technologiques sont très prisés par la presse flamande, plus que la presse francophone. Un exemple plus concret, c’est la question environnementale, écologique, davantage traitée par les francophones. Tout cela permet de comprendre l’Agenda Setting de chaque média. Les médias influencent les publics et, de facto, les marques. Il s’agit d’un écosystème.
Ces disparités entre francophones et néerlandophones, vous les constatez également selon le type de médias, presse écrite, web, radio ou télévision?
Gregory Piet : Evidemment, puisque le temps médiatique est très différent. Sur le web, l’information est en évolution constante, internet bouscule les codes, on est éternellement en mouvement. Le temps est différent en radio ou en télé, même si cela va plus vite que la presse écrite, fatalement.
Sur les réseaux sociaux, de plus en plus prisés par les médias d’information, les formats sont courts mais l’info est présente. Certains acteurs ont compris que c’est là qu’il faut être présent si on veut parler à un public particulier, les jeunes par exemple.
Parmi les thématiques que vous suivez, certaines concernent la sphère économique. Quelles sont les grandes tendances en la matière?
Didier Chevalier : Il y a des milliers de sujets qui sont en fait suivis et, évidemment, l’éco en fait partie. Parmi les différents constats, le plus marquant concerne la tendance à la hausse de la visibilité des marques. On pense à celles des smartphones ou les marques automobiles par exemple, de plus en plus présentes. Notons par ailleurs que les PDG, les CEO sont de plus en plus visibles. Cette tendance est neuve et surtout de plus en plus fréquente. Mark Zuckerberg, Elon Musk en sont les parfaits exemples, mais il y en a d’autres.
L’info éco a véritablement tendance à personnifier les marques, et ça plaît aux lecteurs. L’image est humanisée, on met un visage derrière un nom, un produit, ce qui suscite l’intérêt. Dans la même logique, on dénote également une visibilité des clients, et donc de l’individu de façon générale.
Est-il possible de mesurer ce qui intéresse les lectrices et les lecteurs ? Ce qui intéresse moins?
Didier Chevalier : Ce qui n’intéresse pas est moins facilement mesurable ou quantifiable, par contre, nous avons pu faire ressortir, à travers nos calculs, ce qui attire le lecteur. Assez logiquement, il y a les thématiques liées aux finances personnelles comme le pouvoir d’achat, les investissements, les conseils et bonnes pratiques. La tendance a même doublé à ce niveau-là, le contexte socio-économique est sans doute un élément qui peut l’expliquer. Dans la même lignée, il y a également tout ce qui concerne le secteur de la distribution et le secteur automobile.
Plus à la mode en ce moment, les GAFA. Les marques comme Facebook ou Google sont des mastodontes du marché, ils occupent une place importante. Les lecteurs sont également des consommateurs et veulent de plus en plus être informés sur les questions éthiques liées à ces marques. Rien d’étonnant quand on voit les informations publiées à ce propos, concernant le respect de la vie privée par exemple. Très à la mode également, tout ce qui concerne les nouvelles technologies, la cryptomonnaie, les start-ups et tous ces noms barbares de plus en plus courants et qui suscitent à la fois la curiosité et l’intérêt.
Doit-on en conclure que ce sont les lecteurs qui font le média, et donc l’info, et pas l’inverse ? Le monde politique ne doit-il pas être plus alerte sur l’opinion de la société civile?
Gregory Piet : C’est une double question un peu complexe mais disons que pour ce qui est du politique, il faut admettre que les acteurs politiques sont de plus en plus en délicatesse avec l’univers média. C’est un fait indéniable. Par contre, la société civile, elle, influence clairement la tendance politique ce qui permet de dire que les enjeux dans la sphère média-marque sont différents, inédits. Un exemple concret, celui des GAFA. La place des ces quatre grandes marques est incontournable, même pour le monde politique qui doit les prendre en considération dans leur ligne de conduite.
Ultime question par rapport à ces GAFA : un “ambassadeur” auprès des GAFA, la fonction existe au Danemark. Une idée à creuser en Belgique ?
Gregory Piet : Très bonne question, qu’il faudra sans doute poser aux décideurs politiques justement. Les GAFA représentent plus de 400.000 emplois, ça pèse donc beaucoup dans la balance, il ne faut donc clairement pas les négliger.
Publié le vendredi 13 septembre 2019 à 15h46 dans LaLibre.be