Grands enjeux sociétaux : Interview d’Anne-Clotilde Picot – IKEA

Grands enjeux sociétaux : Interview d’Anne-Clotilde Picot – IKEA

Interview de Anne-Clotilde Picot, Country People & Culture Manager chez Ikea, marque d’ameublement international alliant design et confort à des prix abordables.

✅ On a pu constater que Ikea se positionne sur certains enjeux de société de façon assez notable. Pourriez-vous nous dire quand et sur lesquels en particulier ?

Le point de départ remonte à 1994 lorsqu’il y a eu des soucis dans notre chaîne d’approvisionnement. En tant que marque et en tant que compagnie, une réelle prise de conscience s’est opérée à partir de là. S’en sont suivi des actions concrètes qui ont marqué le début de toute notre approche Sustainability.

A titre d’exemple, en interne, nous avons un code de conduite qui s’appelle Iway. Celui-ci est signé par nos fournisseurs et donne le cadre de notre collaboration sous toutes formes d’aspects.

En plus du climat sur lequel Ikea se positionne très fort depuis quelques années et qui encourage nos clients à adopter chez eux des modes de vie et de consommation plus responsables, la diversité et l’inclusion sont venus s’ajouter plus récemment sur la liste de nos enjeux prioritaires. Spécifiquement en Belgique depuis 2 ans, nous nous recentrons sur quelque chose qui a plus de sens par rapport à ce que nous faisons, à savoir le droit pour tous à un logement décent et plus particulièrement pour les parents célibataires.

✅ Qu’est-ce qui motive ces choix d’enjeux ? Pourquoi Ikea a choisi ceux-là plutôt que d’autres ?

Il y a différents angles.

Je dirais que c’est à la fois lié à des volontés individuelles qui s’additionnent et qui donnent un mouvement dans l’entreprise. Mais c’est également lié à qui nous sommes, qui nous voulons être, qui nous voulons rester et ce que ça implique.

Le modèle Ikea est basé sur un certain nombre de critères. Si nous continuons à épuiser les ressources naturelles, à un moment, nous ne pourrons plus offrir des produits à des prix abordables. Or, c’est là-dessus que notre modèle économique est fondé.

Si nous voulons perdurer, il est très important pour nous de comprendre comment est-ce que nous travaillons, comment ne pas faire de mal mais surtout comment avoir un impact positif tant au niveau environnemental que sociétal.

Est-ce un impératif pour toutes les marques de se positionner ?

Et la nécessité d’éviter une crise ou un Bad buzz pourrait-elle justifier le positionnement ou le non-positionnement sur certains enjeux ?

Spontanément je répondrais oui, c’est évidemment nécessaire. Cependant, je vais tout de même nuancer cela.

Je pense que ce qui est surtout un impératif est de faire le mieux possible car si prendre position pour ensuite ne rien faire de concret, ça ne sert à rien.

Je comprends aussi qu’en tant que marque, on ne puisse pas se positionner par manque de ressources ou parce qu’on est moins pertinents sur tels ou tels sujets.

Ce qui est certain, c’est que personne ne résout les problèmes seuls. Ce n’est que collectivement que nous pouvons faire avancer les choses.

Et c’est dommage de ne pas communiquer sur ce que nous faisons quand nous faisons avancer les choses, ne serait-ce que par ça peut inspirer les autres ou démontrer que finalement ce n’est pas si compliqué.

Mais, en tant que marque, cela demande du courage de se mettre en avant car un grain de sable peut vite engendrer une crise.

Les réseaux sociaux apportent une sorte de radar de vigilance que nous n’avions finalement pas avant avec une multiplicité de paire d’yeux pour noter les erreurs.

Cela peut faire mal si effectivement des erreurs sont soulevées mais ça aide sans nul doute à s’améliorer et, selon moi, la meilleure façon d’avancer est de faire de notre mieux et si malheureusement parfois nous nous sommes trompés, de l’admettre. En s’en rendant compte et en essayant de comprendre pourquoi, nous pouvons faire en sorte que ça n’arrive plus.

Constatez vous un changement sur votre marché ou le marché en général depuis que les marques se positionnent en masse ?

Je pense qu’il y a une plus grande conscience des consommateurs sur les enjeux environnementaux.

Notre vision qui est de promouvoir une vie plus responsable chez soi est compliquée car dans l’esprit des gens, consommer responsable coûte cher.

Sous certains aspects, c’est vrai mais chez Ikea, on essaye de faire la différence en proposant des alternatives à un prix plus bas.

Ce que nous constatons également sur notre marché, c’est la circularité des choses et la seconde main. Malheureusement, il est très compliqué de quantifier cela.

Il y a 10 ans, la seconde main était encore assez marginale et était destiné aux gens qui ne voulait pas trop dépenser. Aujourd’hui, pour certains, il s’agit d’un vrai choix idéologique de consommation durable.

Quels sont les enjeux incontournables pour 2022 ? Ceux que vous souhaiteriez voir aborder par les marques en général ou ce que vous souhaiteriez voir émerger ou continuer.

En plus des enjeux environnementaux qui sont déjà bien présents et qu’il faut continuer à considérer, certains autres enjeux comme celui de la santé mentale ou encore de l’augmentation du coût de la vie pour des personnes se trouvant déjà en situation de vulnérabilité risquent de vite basculer vers quelque chose d’assez inquiétant.

Cela constitue un nouveau défi et nous devons, collectivement, en tant que société, réfléchir et regarder cela en face.

Les marques sont acteurs de la vie en société et elles se doivent d’être en phase avec celle-ci afin d’éviter une polarisation encore plus grande.

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White Paper : Grand Enjeux Sociétaux: Les marques doivent elles se positionner ?

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